Développement durable ? Il s’agirait donc de changer constamment, comme si le progrès ne pouvait se réaliser autrement que dans le sempiternel bouleversement, la casse constamment réitérée de tout repère technique, social et culturel.
C’est bien à ce point que se dévoile l’ineptie du concept : il n’est que la traduction verdie et politiquement correcte de cet acmé de l’ âpreté et de l’avidité qu’on nomme aujourd’hui économie qui consiste à casser tout et toujours pour d’une part remplacer des objets par d’autres objets afin de maintenir le cercle vicieux de la cupidité (les profits), à susciter d’autre part des besoins artificiels en nombre croissants, mais surtout à briser toute barrière morale afin de conquérir de nouveaux territoire commerciaux (vendre des organes, des ventres porteurs), à briser enfin les résistances dont la colonne vertébrale et la force proviennent justement des valeurs morales. L’homme commencera son destin humain le jour où il comprendra l’ineptie du « développement durable » et prendra conscience que le désirable est le progrès vers la stabilité.